Sigma, un grand boucan artistique, politique et scientifique au CAPC !

11 Décembre 2013

Le CAPC fête ses 40 ans. Pour cet âge de la maturité (diront certains), le musée d'art contemporain a décidé de nous faire vibrer grâce à un hommage au festival contre-culturel Sigma qu'il a abrité, contre vents et marées, durant des années. L'événement artistique bordelais de la saison !!

Sigma, un grand boucan artistique, politique et scientifique au CAPC !

« Je n'ai pas fait Sigma pour faire la révolution. Je l'ai fait parce que je croyais avoir perçu de nouvelles sensibilités, des attitudes différentes, des fêlures dans le discours artistiques et que je me disais que ce n'était pas possible que Bordeaux passe à coté de ça.» dixit son créateur, Roger Lafosse.

Sigma, un agitateur culturel

De 1965 à 1996, en l'espace d'une semaine par an au mois de septembre, Sigma a transformé l'offre artistique à Bordeaux grâce à son fondateur Roger Lafosse. Projet d'avant-garde ayant réuni toutes les formes d’expressions artistiques dans les domaines du théâtre, de la danse, de la musique ou des arts visuels, il a porté l'espoir d'une société nouvelle et d'une rencontre entre art et sciences (art cinétique, musique concrète,...). Des milliers de spectacles ont été présentés par des troupes ou des artistes tels le Living Theatre, Keith Jarrett, Miles Davis, Pink Floyd, Catherine Ribeiro,...

Le happening et la performance changent le rapport des artistes au public et modifient les schemas classiques de la mise en scène. Le spectateur devient un élément constitutif de l’œuvre, il doit prendre conscience qu'il est acteur de sa propre vie. L’œuvre d'art doit donc être perçue comme émancipation intellectuelle et la transformation de l'individu se conçoit à travers l’expérience artistique.

Sigma a aussi eu la volonté de déconstruire la représentation habituelle de l'art notamment le théâtre. Les notions de temps et d'espace sont bousculées et deviennent des matériaux (concert d'une nuit,...). La créativité est posée comme mode opératoire et l'utopie culturelle comme dogme.

A partir de 1975, Sigma entre dans le post-modernisme avec la dérision et le sens de l'absurde comme outils de prise de conscience politique du public. Il devient le lieu de l'engagement artistique, esthétique et politique afin de faire face au désenchantement idéologique propre à l'époque.

Le milieu des années 80 marque la période de la création underground et de l'alternatif mais le festival, contraint par des logiques financières, s'éteint peu à peu et signe sa fin en 1996.

Plus qu'une exposition, une expérience !

Ce projet vient de la volonté de se saisir d'un événement éphémère, ici un « festival » à travers le concours d’institutions publiques et de restituer le sens de cette aventure esthétique radicale le plus fidèlement possible. L’exposition s'est éloignée d'un concept d'exhaustivité, impossible à représenter étant donné la masse d'archives disponibles, et s'est plutôt attachée à dégager la mémoire d'une époque dont le CAPC est légataire.

Le but n'était pas pour les organisateurs de faire du spectaculaire ou de la fétichisation mais de faire découvrir aux jeunes générations une manifestation culturelle différente. La notion d'apprentissage artistique dès l'enfance était un facteur prépondérant dans l’expérience Sigma. Ainsi Victor Vasarely, plasticien hongrois, disait : « Il faut frapper le terrain émotif des âmes intactes ».

Proposer une scénographie chronologique ou catégorielle (théâtre, musique, danse) n'aurait pas eu de sens dans le cadre du projet Sigma et le choix a été fait de mettre en avant la pluridisciplinarité, l'effort de décloisonnement et de nouveauté chers à Roger Lafosse. L'hommage rendu dépasse le cadre « simple » de l'exposition puisque durant toute la durée de la manifestation des événements quotidiens seront proposés : projections de documents d'archives, conférences, concerts,performances, paroles d'anonymes ayant vécu la période Sigma.

Ainsi, que l'on soit novice ou connaisseur, l'exposition Sigma ne constitue pas simplement un rendez-vous culturel mais une aventure interieure pour chacun des visiteurs selon son histoire, sa sensibilité et sa curiosité.