Aujourd'hui, à Bordeaux, presque tout le monde connait le Catering, (3242 like sur leur page Facebook à l'heure où je vous parle !). Pourtant le restau de la rue des Ayres n'a ouvert qu'il y a un an et demi, en octobre 2012. Mais derrière le lieu et ses (supers) bagels, il y a l'histoire de deux garçons, Romain Telera et Marc Strappazon, et d'une sacrée rencontre. À l'heure où ils ouvrent leur 2eme restau (rue des remparts), je me suis intéressée à cette success story bordelaise.
Il n'est pas tout à fait 15 heures quand je rencontre Marc et Romain. L'heure pour eux de souffler enfin un peu, un petit répit dans leurs journées à rallonge (de 11h à 23h). Ils ont peu de temps sûrement, 3 jours seulement après l'ouverture de leur deuxième restau mais ne me le font pas sentir. On s'installe tranquille devant un café, le temps d'un flash back de quelques mois passés comme un éclair.
Ce 2ème lieu est une sacré coïncidence. Ancien « Subway », voilà trois ans qu'il était fermé. D'ailleurs, Marc et Romain étaient déjà passés devant lorsqu'ils cherchaient leur local mais la rue des remparts, une rue chic de l'hypercentre leur semblait hors de portée. Trop grand, trop cher. Mais la donne a changé. Avec le carton de leur 1er restau, ils ont pu se le permettre. Pour autant par question de perdre les bonnes habitudes. Pour les travaux, ils font (presque) tout eux-même. Deux mois à chaque fois. Tout y passe : électricité plomberie, murs et plafonds. Du quartier des jeunes branchés au centre commerçant, l'ambiance est différente. Mais ça ne les dérange pas, au contraire « C'est hyper interessant de découvrir un autre endroit ». En plus les commerçants leur ont fait bon accueil « Ils sont contents d'avoir à nouveau des voisins et puis ça apporte un peu de nouveauté ». Dernier argument, il fallait trouver un lieu ni trop loin ni trop près du premier pour qu' « ils soient accessibles mais ne se mélangent pas ». Pari réussi, en l'espace de trois jours, c'est un peu tôt pour un premier bilan mais ils ont vu arriver une nouvelle clientèle. Aujourd'hui donc tout leur sourit mais au départ ils ont tout appris.
Tout commence il y a trois ans. Romain après un CAP traiteur et pas mal expériences en cuisine « J'ai fait tous les métiers. J'ai appris la base de la base », travaille au Santosha très bon restau thaï place Fernand Lafargue. Marc, lui, était commercial. Ils se connaissent de loin, s'échangent quelques mots et puis décident de franchir le pas et montent ce projet. Mais alors, pourquoi des bagels ? « On s'est dit qu'est ce qui manque le plus à Bordeaux, les bagels. Et puis, c'est un produit jeune qui n'a pas de limites. Tu peux essayer plein de recettes, des trucs différents. Tu essaies, ça marche, ça marche pas. On s'amuse. Il faut que ça reste decontracte.» Jusque dans les noms comme le bagel du mois, le Salmon and Garfunkel, référence musicale oblige. Ils partent à Paris, se découvrent, se testent aussi un peu, vont tâter le terrain de ce qui se fait « à la capitale ». Le temps de boucler leur dossier, ils partent à la recherche d'un lieu avec trois francs, six sous soit leurs économies et un prêt de la banque.
Deux, trois visites plus tard, l'affaire est dans le sac. Mais dans le quartier, la concurrence est rude, non ? « Pas tant que ça. Chacun a sa clientèle. Et puis, le monde amène le monde». C'est parti pour le gros chantier et la déco aussi qui n'est pas une mince affaire. Ils ne laissent rien à la légère. « On voulait un côté new yorkais, loft, matières industrielles, le parquet et les pierres. Le style qu'on aime. Hors de question de mettre des chaises en plastique. On a travaillé sur des matières brutes, l'association du métal et du bois.» Même dans la cuisine, des plats à four deviennnent des plateaux, des planches des assiettes, le menu est imprimé sur papier velours inrayable (!). Car Catering, plus qu'un restau, c'est un lieu de vie. Rue des remparts, au deuxième étage l'espace est laissé à la disposition des clients avec un gros canapé en rondin trouvé sur Le Bon Coin. Les plateaux sont déposés sur la desserte à la sortie et les gens s'installent, « font leur vie ».
Crédits photo : Yohan Colin
Mais un restau reste un restau même si le lieu est chouette, le concept ne suffit pas. Et là encore, pas de mauvaises surprises. Les bagels sont bons, frais, copieux. Les chips viennent d'Angleterre. « Pour la cuisine, on a fait le pari de jouer sur du volume. Faire du quali pas cher, c'est notre force. On s'est entouré de bons fournisseurs comme pour les pâtisseries avec Sophisticakes, un must dans le domaine ». Le résultat ne se fait pas attendre. « Je me rappelerais toute ma vie le jour où j'ai dit à un mec qu'il y avait 10 mn d'attente et qu'il m'a dit pas de problème. On a ouvert et on s'est fait dépasser par les événements. On a dû embaucher au bout de 2 mois alors qu'on pensait passer la première année tous les deux». Et ils cherchent encore des cuisiniers et des serveurs !
Crédits photo : Yohan Colin
Romain et Marc, ils font des bagels, et c'est déjà pas mal, mais pas que. « C'était déjà écrit dans notre business plan qu'on voulait un lieu rock qui nous ressemble. On est guitariste tous les deux, hyper branchés musique. Lorsque l'idée de départ, faire des bagels était rodée, on a pu se faire plaisir et mettre de nous-mêmes sur d'autres projets ». Très vite, ils lient l'agréable et le pro, organisent des concerts, des expos, et deviennent partenaires d'événements. « Cet été, on a été démarché par Allez les filles pour le festival Relache. On etait devant la scène à faire des hot dogs, on a rencontré plein de gens.» Une sorte de consécration finalement pour ces deux musiciens. Mais Romain et Marc ne sont pas que des joyeux drilles. Derrière, il y a du boulot, une continuité dans leurs choix. « De la taille des tables aux recettes, tout est discuté. »
Sur les réseaux sociaux, la même vigilance et un vrai souci de l'esthetisme. « On a fait appel à un ami photographe, Yohan Colin, qui fait du très bon travail. On fait attention à notre image. Tout est étudié, calibré. On a réussi à créer un univers Catering. »
Si ce projet cartonne aujourd'hui c'est aussi grâce à un duo qui fonctionne à merveille. Ouvrir un restau c'est des heures de travail, tous les jours, du stress et de la fatigue. Alors comment font-ils pour tenir le coup. « Dès le départ, on a su qu'il fallait qu'on soit polyvalent. On a chacun nos compétences mais on partage le travail. On est solidaires. On sait que si l'un craque, l'autre est là pour le soutenir. Jamais on l'aurait fait tout seul. Pour le rythme, quand tu travailles pour toi, tu es beaucoup plus impliqué. On compte pas nos heures. Au début on était tellement en adrenaline qu'en quittant le boulot, on avait besoin de sortir, de prolonger la soirée ». Leur prochain défi, trouver un équilibre, ne pas oublier leur vie privée.
Et puis au Catering, ils ont l'air de bien se marrer des fois....
Aujourd'hui, le succès du 2eme restaurant est quasiment assuré car Catering est devenu un label. Mais Marc et Romain ne se reposent pas sur leur lauriers et ont encore plein d'idées derrière la tête. Sur internet, leur site sera en ligne la semaine prochaine. Une vitrine avec présentation du concept, des produits, une google map, et à terme un blog. Dans leur second restau, l'étage pourrait avoir une seconde vie avec des privatisations pour des soirées, des séminaires,....
Leur vie à eux aussi a changé et grâce à eux, la mienne aussi un peu. Bon allez, je l'avoue, Catering c'est mon 1er bagel !
Catering#1, 4 rue des ayres, 33000 Bordeaux 05 56 30 32 57
Catering #2, 12 rue des remparts, 33000 Bordeaux